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eDEN#6 Si j'avais 1 marteau...

COMMENT SE FAIT-IL QUE LES JEUNES FRANCAIS CHERCHENT A RESSEMBLER A LEURS PARENTS? On entend régulièrement des étrangers se demander pourquoi la France n'a pas été à l'origine du moindre hit dance européen depuis l'époque disco. C'est vrai, en ce temps, Village People, Cerrone et bien d'autres marchaient du tonnerre dans le monde entier et soudainement plus rien, à part quelques exceptions comme Desireless et son "Voyage Voyage" euro-kitsh. Pourtant depuis l'explosion acid de 88, chaque pays européen de l'Italie à la Hollande, de la Belgique à la Suède, s'est distingué par son lot de DJs créatifs et d'allumés des studios, alors que l'on attend toujours un disque français vraiment important. C'est vrai que l'on peut facilement trouver une dizaine de raisons expliquant cet état de fait. Contrairement aux autres, la France a son propre marché du disque: les pays francophones. C'est un assez petit marché, aussi pour vivre de leur musique les artistes doivent être considérablement populaires et notament chanter en français sur des majors qui laissent peu de place à la nouveauté (à l'inverse des labels indépendants qui malheureusement n'existent pour ainsi dire pas dans notre pays). Bien sur, les disques étrangers vendent aussi, mais plus souvent grace à une image forte qu'à autre chose. C'est pourquoi, le rock, devenu prétentieux et pompeux, fascine autant par ses fantasmes se rattachant aux USA: films, les cow-boys, motos, santiags.. Les français ont mis 30 ans à assimiler le rock, une culture anglo-saxonne blanche qu'ils n'avaient pas inventé. Alors combien de temps metront-ils à accréditer la house, une culture anglo-saxonne noire et gay de surcroit? Ici, les gens ne réagissent pas au groove et au son d'une musique, mais à son idée. Alors bien sur, la vie est intellectuelle et demande reflexion et analyse mais la musique n'est elle pas avant tout faite pour s'éclater et ne pas trop se prendre au sérieux? Comment se fait-il que les jeunes français cherchent tant à ressembler à leurs parents, qu'il n'existe pas à proprement parler de culture jeune (flirts avec alcool et drogues, & d'évasion et rebellion)? Bien sur, les médias sont totalement apathiques , mais ce n'est pas tout. Les français s'en foutent, tout simplement. Ils ont déjà les plaisirs de la table, la haute-couture, la littérature, le cinéma et les arts, toutes les choses qui les ont rendu célèbres dans le monde entier. Alors quand ils se mettent à la musique, ce qui fonctionne plus que tout ce sont les bonnes vieilles formules vues et revues. D'accord, nous avons également une impressionnante scène alternative qui s'est lentement developpée des restes du punk (on comprend mieux pourquoi le hardcore est aujourd'hui si omniprésent), mais où celà peut-il bien mener? Comment est-il possible qu'en 93 les adolescents français, ne déparant pas de leurs voisins étrangers et ravers (cheveux longs, baskets, bombers), puissent se sentir quelque connection que ce soit avec The Doors et Jimi Hendrix (le syndrome Vanessa Paradis!). Le fait que la plupart des magasins dance spécialisés ferment pour laisser place aux chaines type Nuggets/Fnac/Virgin et supermarchés est inquiétant mais ne suffit pas à expliquer qu'en dehors de la scène gay, il n'existe pas de culture club en France. Alors se pourrait-il que les français n'ait pas encore réalisé à quel point les fetes house sont devenus des endroits importants aujourd'hui? Des endroits où les règles du monde extérieur ne s'appliquent plus, des endroits où chacun existe et communique à l'égal de l'autre, des endroits où race et barrières sociales s'évaporent pour laisser place à un état d'esprit unique et une musique mondiale. Paris a eu ses raves hardcore (quel fun !), ses quelques compilations dance et la Fnac, un label qui a bien compris l'impact de la scène british sur le reste du monde. Mais, ici, les clubs sont toujours vides et la dance est encore considérée comme une musique de ringard sans créativité, ni longévité. Après tout, ce n'est peut etre qu'une question d'éducation et lentement la situation progresse (12 après ses glorieux débuts, le rap cartonne en France et les rockers commencent enfin à se mettre un peu au funk). Mais où sont les bons DJs à etre passés de dance traditionnelle à house/techno? Même chose pour les studios et ingénieurs, la plupart savent toujours peu faire face aux éxigences techniques de ce nouveau son, quant aux musiciens, leurs influences seront bien souvent plus Tangerine Dream ou Front 242 que Motown et Grandmaster Flash. C'est également vrai, que le public continue d'attendre un ARTISTE sur une scène, allant voir un concert comme si c'était du théatre alors que la house a fait table rase de tout ce cirque en faisant participer les danseurs et ne privilégiant qu'une seule chose: la musique. Le schéma est pourtant simple: le disque est bien ou il ne l'est pas, c'est tout. Le DJ y croie et le passe, le public est conquis et le fait savoir. Voilà bien, la selection la plus partiale qui ait été donné aux musiciens depuis longtemps, alors faudra t-il attendre que le public français des raves sorte de son abrutissement pour qu'il se passe enfin quelque chose de MUSICAL? JAY REMI