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eDEN#6 E-Movies

Dans les années 60, le rock psychédélique engendrait toute une ribambelle de films remplis de hippies sous LSD. Du très acid "Tommy" aux trips mortuaires d'"Easy Rider", il est quasimment impossible de dénombrer tous ces films cultes sur la drogue. Et en 1993, voit-on au cinéma des ravers gober des kilos d'ecstas? Pas encore, mais ça ne devrait pas tarder. Et c'est par le court-métrage que nous arrivent les tous premiers E-movies. Avec 2 joyeux délires d'outre-Manche (comme par hasard!) qui ne font aucune concession et vont bien plus loin qu'un provocateur mais vite rasant "drug movie".Tout d'abord "Weekender" d'un certain Wiz, qui signe là sa première oeuvre et que l'on a pu voir dans le Party Zone du 1er de l'an. On assiste à la virée de fin de semaine d'un ado très porté sur les joints et le poppers. "J'ai voulu faire le "Saturday Night Fever" de notre génération" déclare Wiz (22 ans) dans I-D. Mission accomplie si quelques fautes de goût ne venaient pas émailler ce court-métrage: les hallucinations de notre héros franchement stoned sont un peu lourdes et le choix de Flowered Up pour la musique n'est pas une des meilleures idées. Mais ne boudons pas: Weekender est un premier pas relativement positif et on attend de voir la prochaine production de Wiz. L'X d'or revient haut la main à Richard Heslop et son envoûtant "Floating" à haute teneur hallucinogène. Soit un délire de 39 mn comme on n'a souvent l'occasion d'en voir (à moins de rester scotché sur Canal+ à 3HOO du matin!) Imaginez une famille genre les Simpson version anglaise et HLM: le père est chauffeur de bus, la mère nymphomane, le fiston gobe des ecstas avec sa copine mutante. Quant aux deux pestes de soeurs, elles adorent Jason Donavan et foutre le feu au petit vieux d'à côté. N'oublions pas la grand-mère déconnectée qui joue du soir au matin d'étranges comptines sur son banjo. Tout ce petit train-train, déjà sérieusement déjanté, va basculé dans le délire le plus total car le père, persuadé que le déluge arrive, s'obstine à construire une Arche de Noé dans l'appartement. Totally weird dans un pur esprit Lynch, "Floating" bénéficie d'une excellente bande-son où s'entrechoquent des ritournelles de The Orb et des clins d'oeil house. Comme dans une scène particulièrement gore, où le père, le coeur à l'air, entend une voix lui susurrer : "Feel the rhythm of your heartbeat...". "Floating" est sans contexte LE premier véritable film de la rave-génération. Avec ses séances d'hypnose et ses subliminaux ("La contre-nature en ecstase!"), Richard Heslop est en passe de devenir le Lars von Trier de la House Nation. A suivre de très près. DAVID FONTEYNE