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eDEN#7 New Wave?

Fuyez la médiocrité, elle revient au galop... Plus ça va, plus la house devient un genre monstrueux aux multiples visages. Aux heures de gloire, la simple idée de passer une soirée house contentait tout le monde. Aujourd'hui combien de fois vous êtes vous retrouvé dans une soirée qui ne vous allait pas: "trop transe", "trop house" (!), "trop de drogues", "trop de pédés", "trop de racaille", arf... Chacun retrouve dans la house ce qui lui convient: les ex-rappers se la jouent b'beat, les ex-branchés sont gabber, les néo-punk sont techno, les gays en sandwich garage ou hardcore... On voit fleurir des raves avec des messages incroyables aux antipodes des racines de la house, genre Psychose, où les DJs présents veulent jouer la terreur musicale (!) des raves, genre ex-batcave (rappellez vous cette immonde vulgarité de Sisters of Mercy & consorts). Tout ça pour dire qu'on voit maintenant débarquer les anciens fans de new-wave. En soit, c'est pas déshonorant, dès le début de l'explosion acid, un bataillon d'anciens Inrockuptibles ont suivi le fil Happy Mondays pour arriver à la house. Sauf qu'on se tape désormais même les plus cons, ceux qui ont toujours préféré Joy Division à New Order, ceux qui au début de la house vous traitaient de tous les noms et vous racontaient que ce n'était qu'un phénomène de mode, et repartaient tout contents écouter My Bloody Valentine. Vous en avez sûrement connu un certain nombre, et bien ouvrez les yeux maintenant ils sont là, à vous donner des leçons : "Strictly Rhythm? Trop commercial". Pire encore, ils sont arrivés à faire de la house une musique 100% blanche avec un ou deux alibis politiquement corrects genre Carl Cox (aussi doué soit-il). Regardez les pages house du NME: pas un seul noir. À Paris, Les Inrockuptibles écoutent Aphex Twin (cf n°53 03/94). Comme dirait l'autre: "I had a dream". Au début de la house, on allait enfin pouvoir s'ouvrir à une vraie mixité des musiques, l'esprit baléarique, pas un mouvement forcé et exagéré comme la world, mais une musique moderne, entre les studios de Düsseldorf et les usines de Détroit. Niqué le rêve, chacun écoute ses trucs dans son coin, et les esprits ouverts sont eux aussi obligés de se radicaliser pour survivre. Et puis on peut même imaginer le pire : demain les fans de Rod Stewart et Lenny kravitz vont peut-être aussi vouloir écouter de la house. Va falloir créer de la house format Europe 2. Ça va faire mal! DAVID BLOT